Comment le musical permet-il le « Vivre ensemble » ? Place et fonction de la musique dans les communautés issues de l’immigration à Montréal.

Comment le musical participe au «Vivre ensemble » ? C’est ce que nous souhaiterions comprendre en faisant un état des lieux puis une analyse approfondie des pratiques musicales dites traditionnelles à Montréal. À travers ce projet, nous axons notre recherche sur plusieurs communautés montréalaises issues de l’immigration. Notre attention se porte sur les répertoires musicaux dont la pratique a perduré au-delà du processus migratoire, sur les raisons pour lesquelles ces répertoires ont été maintenus dans un nouveau contexte et sous quelles formes.

Des musiciens de la communauté Bamiléké de Montréal lors du Festival interculturel à Montréal, 2019. Photo prise par Luke Fowlie.

La recherche se fonde sur l’hypothèse que le musical joue un rôle essentiel dans le maintien d’un sentiment d’appartenance à une identité tout en étant le support de la transition nécessaire vers une autre culture. Notre problématique de recherche est double : comment se traduit le lien, à titre individuel et collectif, entre le musical et le sentiment d’appartenance identitaire, ce dernier pouvant, pour de multiples raisons – le pays éloigné, le nouveau territoire et sa diversité culturelle – être pluriel, voire ambivalent. Puis, à partir de là, comment la pratique musicale constitue ou non une forme de repli identitaire ou, au contraire, une invitation au «vivre ensemble» ?

Instruments de musique utilisés par les musiciens du groupe La Famille Markovi (Jordan Markov, Petar Markov, Mihail Markov, Nikola Markov et Vasil Markov). Les instruments (de gauche à droite) : Contrebasse électrique, Tamboura, Saxophone alto, Tupan, Kaval et Accordéon. Photo prise par Sara Germanov, à Verdun, le 19 décembre 2019.

Nos questions mettent au centre l’étude du musical tout en ayant une portée particulièrement sociale. Il est question de définir les fonctions du musical dans ce contexte et de mettre au jour sa contribution au processus d’adaptation au pays d’accueil. Voici quelques sous-questions qui sont abordées :
1) Comment les répertoires musicaux ont-ils été maintenus, transformés et adaptés en comparaison des pratiques connues dans les pays d’origine de ces communautés ?
2) Ont-ils servi à maintenir l’individualité des communautés pouvant appartenir à un même pays ou, au contraire, ont-ils contribué à développer l’idée d’une communauté plurielle relativement unie autour de nouvelles pratiques ?
3) Quels sont les paramètres d’ordre musicaux et/ou extra-musicaux qui jouent le plus grand rôle en regard du processus adaptatif vécu dans l’immigration?
4) Qu’est-ce qui ressort de la comparaison de ces communautés et comment peut-on définir la fonction du musical dans le contexte d’accueil ?

À ce jour, la perspective comparative telle que présentée ici n’a fait l’objet d’aucune étude sur la musique à Montréal. Parce qu’elle met l’accent sur les processus dynamiques de transformation du musical en contexte de migration et qu’elle tente de comprendre la part du musical dans le « vivre ensemble », notre étude peut potentiellement toucher toutes les communautés migrantes de la métropole, et par conséquent, de la société d’accueil montréalaise. Nous envisageons ce projet comme le début du développement d’une ethnomusicologie urbaine comparative menée sur le territoire montréalais, au sujet duquel nous ne possédons encore que trop peu d’informations quant aux musiques traditionnelles et à leur survivance suite au processus migratoire.

Ce projet est financé par le CRSH (2016-2021).

Les membres de l’association WOYNKOM de Montréal présentent un masque récemment acquis devant un notable en visite à Montréal, lors du Southern Cameroons Cultural Festival, 2019. Photo prise par Luke Fowlie.

Ce contenu a été mis à jour le 3 décembre 2021 à 12 h 07 min.